Darzna na Anzal - Guerre et Paix

[ Issling méridionale ]

Valesse fut moins surpris de la parade de son mentor que de la main sur son ventre qui mit fin en éclaire émeraude au duel.

-Veuillez m'excuser Ser. Je n'avais pas pour habitude d'user mes pouvoirs au cour d'un duel d'escrime. Permettez moi de retenter ma chance. Dit-il en se remettant en position et attendant cette fois, l'assaut du chevalier. L'air autour du jeune homme avait virée au caniculaire.

[Hassling - Ozgë]

L'inrelith s'attendait à une certaine déception de sa part ou une quelconque tentative de la persuasion afin de la faire peut-être rester quelques heures de plus. Le geste de la jeune femme confirma sa pensée et Ozgë s'apprêtait à lui parler à nouveau afin de se justifier quand un bruit fin atteint son ouïe et la fit, dans un même mouvement, se tourner vers la source du dit bruit tout en s'asseyant dans l'eau et en plaçant ses bras autour de son corps. C'était un pur réflexe qui la fit se "protéger" ainsi. Ça ne la gênait pas d'être dénudée ainsi aux côtés d'autres femmes, mais face à un homme ? Il n'en était pas question. Elle se fit d'ailleurs dès le début une mauvaise idée de ce dernier, se demandant sérieusement si il n'était pas déjà là depuis un moment, à épier elle et sa camarade.

Hassling - Ozge

Et il y en avait beaucoup d'autres. Hommes et femmes, ils sortaient furtivement des bosquets environnants et formaient, peu à peu, un cercle continu autour du lac. C'étaient tous de vigoureux et sains êtres humains à la peau dorée, s'agitant à présent, paraissant en proie à la surexcitation et émettant parfois de petits cris. Cernée, Ozge aurait pu s'inquiéter ; mais leur attitude n'était guère menaçante. Ils semblaient de fait intéressés eux aussi, par leurs évolutions. La compagne d'Ozge se laissa glisser dans l'eau et les autres l'imitèrent progressivement, avec plus ou moins d'hésitation. Tous approchèrent et chacun recommença... à se poursuivre à la manière des otaries, avec la différence notable qu'il y avait maintenant autour d'elle une vingtaine de ces créatures étranges, barbotant, s'ébrouant, arborant tous ce visage sérieux marquant un singulier contraste avec ces enfantillages.

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Issling méridional - Aquila Valesse

L'assaut du chevalier se montra implacable. D'un ample coup d'épée circulaire qui produisit, par sa seule force physique, une onde de choc, le jeune homme vit sa défense ébranlée, avant d'être propulsé à une distance égale à dix mètre de sa position initiale.

- Vous ne vous abritez pas derrière un fort pour tenir une position défensive, Seigneur Valesse. Au corps-à-corps, vous vous exposez à des chimères parfois dotées de membres par dizaine, et capables de commander aux éléments. Par conséquent, évitez de vous mettre en danger inutilement et frappez fort et juste, de manière à surprendre votre assaillant. Le premier assaut se révèle souvent décisif lors du déroulement de votre combat, proféra-t-il. Maintenant, reprenez. N'hesitez pas à faire preuve de zèle et de rouerie, n'en déplaisent à vos tuteurs, car les Inrelith ne s'embarrassent jamais d'honneur pour tuer.

Dernière édition par Templar le Dim 22 Avr - 1:09, édité 1 fois

[Hassling - Ozgë]

L'enchaînement de bizarreries eut presque raison de sa méfiance tandis qu'elle restait immobilisée et recluse contre son rebord et ses bras agissant toujours comme une barrière enroulant son corps. Cependant, ce n'était pas la peur qui se mettait à grandir et à gonfler en elle mais plutôt un certain émerveillement que générait la scène se déroulant sous ses yeux. Bien qu'étrange, cela restait une image magnifique dans laquelle elle se trouvait au milieu et qu'elle était sûrement la seule de son genre ayant la chance de pouvoir l’expérience. La pensée fermée de l'homme les aurait traité, eux, ces magnifiques créatures, de monstres, de mutants et d'immondices, se détachant des valeurs et des principes que l'on prête à ces "sociétés civilisés". Ozgë eut l'ouverture d'esprit ainsi que la pureté de voir la beauté du spectacle se déroulant autour d'elle, de cette image qui n'était pas prête de quitter le rang de ses jolis souvenirs.

Hassling - Ozge

Ils ne s'intéressaient qu'au jeu. Encore fallait-il que ce jeu fût simpliste ! Ayant eu la lumineuse idée d'y introduire un semblant de cohérence, quoique cela demeurait à la portée de leur intelligence, ils se prirent, tous, par la main et dans l'eau jusqu'au nombril, ils esquissèrent ce qui parût être une ronde, élevant et abaissant les bras en cadence, comme l'auraient fait de jeunes enfants. Certains se mirent à contempler avec une évidente absence de compréhension la passivité d'Ozgë.

Dernière édition par Templar le Dim 22 Avr - 3:27, édité 1 fois

[Hassling - Ozgë]

Comme dans un état presque catatonique, ses membres ne bougeant pas dans un pouce, seuls ses yeux apparaissant comme étant en action et allant de droite à gauche pour ne pas louper une miette de ce qu'il se passait, elle finit par rencontrer les regards qui se posaient sur elle. Ils ne semblaient pas, à l'avis qu'elle eut sur l'instant, la juger à travers le regard, ils exprimaient plutôt une sorte de confusion face à son état léthargique. Tant d'yeux provoquèrent une étrange sensation. Lentement, ses bras se débloquèrent et glissèrent le long de son corps, ses jambes arrêtaient de se braquer et elle se redressa de la même manière qu'eux. La pudeur n'avait pas l'influence d'une quelconque valeur auprès de ce peuple si bien que cela se transmit à Ozgë qui finit par s'en débarrasser. Une place lui fut faites dès qu'elle s'approcha, et malgré l'absence de quelconque sourire de la part de ceux lui tendant désormais la main, elle ne pouvait que comprendre l'invitation qui lui était envoyée, et n'osant pas la refuser, elle se joignit alors à eux, fermant la chaîne et permettant à cette partie là du cercle de reprendre leur danse envoûtante.

Hassling - Ozgë

Il fut difficile de décrire l'intensité du degré d'amusement de ces créatures de la forêt. On pouvait néanmoins anticiper les réactions qu'afficheraient des gens normalement constituées à la vue de ce spectacle surréaliste où des hommes et des femmes adultes se prêtaient à ce jeu simpliste, à une ronde enfantine, sous l'oeil narquois du soleil. Les gros oiseaux perchés sur les éminences rocheuses, qui se gaussaient jusque là des jeunes filles, poussèrent un long rire sardonique, presque malveillant. Dès lors, ils s'envolèrent.

[Hassling - Ozgë]

Ozgë se libéra de sa condition, d'une certaine manière. Sa peau n'était pas dorée, sa manière de communiquer ne se résumait pas par d'étranges bruits de gorge et ne partageait avec ces gens seulement son certain lien avec la nature. Cependant, tandis que son corps et son esprit s'accorda au rythme de cette danse, elle finit rapidement par se sentir comme l'un des leurs, comme si ils l'avaient accepté à part entière. Peut-être n'avaient-ils rien à faire de la présence de l'inrelith, mais elle ne sentait de ce peuple que des ondes positives, de bons sentiments à son égard, elle ne voyait que joie de leur part même si leurs visages se refusaient souvent de trahir leurs émotions et le tout lui faisait ressentir une sorte d'acceptation. Peut-être pourrais-je rester un peu plus longtemps, pensa-t-elle en s'efforçant d'être aussi stoïques que certains d'entre eux et de dissimuler son amusement, se sentant réunie avec son esprit enfantin.

[ Issling méridional - Valesse ]

Valesse n’avait pas tout à fait entendu le début de phrase de son tuteur. Il était plutôt occupé à se relever et à réaliser ce qui s’était passé. Des chimères ? Pensa Valesse en se remettant en garde de la même façon. Il inspira profondément tendis que lien profond se tissait avec Kaleo. Le regard du garçon devint plus sérieux, plus aquilin. Sous un cri de l’aigle qui retenti dans la plaine sans contrainte, Valesse balaya l’air de son épée du côté droit. Un coup lourd et rapide, celui ci fut accompagné du côté gauche d’une gerbe de flamme assaillant donc le chevalier des deux cotées. L’attaque fut comme les ailes majestueuse ailes d’un roi des cieux balayant l’air.

Hassling - Ozgë

Débouchant des fourrés comme des chevreuils, d'autres Hommes des forêts apparurent, élargissant le cercle. Cette passion extraordinaire pour ces jeux, jointe à la béate atmosphère dans laquelle se déroulaient ces ébats enfantins, se manifestait à travers leurs cris, leurs hurlements et leurs gesticulations incessantes. Certains d'entre eux, frustrés de ne pas pouvoir participer à la ronde, se ruèrent vers les affaires. Avec une furie comparable à celles de leurs compères, ils mirent en pièces et les vêtements d'Ozgë et son arc. Ils déchirèrent sa carte, jetant les morceaux aux fonds du lac. Ils saccagèrent tout. Les objets semblaient les mettre en rage. Tout ce qui était fabriqué excitait leur colère, et aussi leur frayeur. Quand ils se saisissaient d'un objet quelconque, ils ne le gardaient à la main que le temps de le briser, le déchirer ou le tordre. Ensuite, ils le rejetaient vivement au loin comme si c'eut été une immondice, quitte à le reprendre encore une fois pour parfaire sa destruction. Vu sous un certain angle, ils faisaient songer à une meute de chiens se battant avec un chat à demi-mort ou bien à une mangouste ayant attrapé un serpent. Accompagné de deux femmes fines aux cheveux auburn qui devaient être ses épouses, un grand homme aux traits marqués, aux yeux d'un bleu profond, large d'épaules, épais de taille s'approcha, furibond, de la jeune inrelith. Ses cheveux tressés avaient la couleur vive du bronze neuf. Comme ses congénères, il était nu, et son corps était strié de cicatrices, de traces de griffes et de morsures, certaines ayant été infligées par des machoires humaines, qui témoignaient de ces farouches luttes sauvages. Son cou épais était aussi large que son visage massif. Au bout de son bras musculeux, il tenait, de sa main rude, une dague.

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Issling méridional - Aquila Valesse

L'offensive de Valesse s'avéra redoutable. Le Chevalier, surpris par la virulence et la soudaineté de cette attaque, faillit l'encaisser de justesse. Du brasier ainsi déchaîné, il en émergea in-extremis d'un souple bond, armé de son épée dans une main et d'un orbe vert luminescent dans l'autre, et décocha à l'issue d'une courte série de frappes horizontales une grêle de projectiles issue de cette énergie, qui allaient menacer les jambes du jeune seigneur de l'Aigle.

[Hassling - Ozgë]

Aucunement préoccupée par ses affaires, Ozgë se perdait davantage dans leur danse dans laquelle elle se fondait vraiment. L'arrivée de plus en plus de nouveaux danseurs finit enfin à la faire poser son regard sur autre chose et ce fut sur la scène de barbarie que dut subir son équipement, une certaine panique s'empara d'elle. Perdre un arc n'était pas terrible, elle savait en faire un aisément, mais perdre le seul moyen qu'elle a de se retrouver ainsi que ses habits étaient par contre une catastrophe. Elle essaya de les arrêter, de les empêcher de lui porter un tel préjudice, mais la véritable foule qu'il y avait en train de danser et s'agiter dans tous les sens faisaient office de barrage.

- Laissez-moi passer !

Dans sa supplice de désespoir, elle n'avait pas remarqué sur son côté la menace qui s'approchait d'elle, toujours occupée à tenter de passer pour sauver le peu d'affaires qui lui restait.

[ Issling méridional - Valesse ]

Toujours munis de la vision de son aigle, Valesse bénéficia de deux angle de vus sur son tuteur, il opposa son épée enflammé aux projectiles. Il était en vérité assez content de ce qu’il arrivait à faire. En temps normale il n’atisait ses flammes que sois une colère incontrôlée. Dans le cas présent il pu simuler cet état pour parvenir à ces attaques. Il reçut un premier, puis un second coup sur la jambe. Son aigle Kaleo descendit en pic dans le dos du chevalier. Valesse prepara la diversions en imitant Ser Erik, il balaya l’air d’une main, envoyant une nouvelle gerbe de feu. Celle ci était moins conséquente, en raison de la douleur et de l’équilibre moin approprier que l’assaut précédent.

Hassling - Ozgë

Hélas, hommes et femmes de la forêt, trop préoccupés à se divertir pour daigner considérer les sollicitations de la nouvelle venue, continuèrent de s'ébattre dans leur espèce de danse primitive. Peu leur chaut ces vaines quémanderies ! N'ayant pour seule intention que de se vautrer dans ces plaisirs puérils auxquels seuls s'abaisseraient à s'y livrer des enfants en bas âges, ils s'en fichaient fort. Certains ne l'écoutaient même pas, ou affectèrent de la regarder d'un oeil soupçonneux dénué de toute lueur de raison. En revanche, les épouses de ce colosse aux cheveux tressés, ce titan forcené, cette force de la nature déchaînée, que des dagues, des outils et une carte esquissée avaient attisé la fureur, se saisirent par surprise de l'infortunée et lui infligèrent deux gifles, avant de l'obliger à comparaître devant lui. Il hurla sa colère face à elle, et tous, dans ce bain mousseux, se turent soudainement. Il brandit la dague, symbole de l'allégeance à ce monde extérieur si craint, et poussa un seul et unique cri, lequel s'apparentait aux hurlements canins. « Etrangère », « Danger », « Monstre de pierre », « Créature impie », tels furent les mots qui s'inscrivirent dans l'esprit de la jeune fille, qui ne dut son salut qu'à l'intervention de sa compagne de bain, la femme aux cheveux d'or. Au terme de ce qui semblait être un débat, incompréhensible tant les « paroles » échangées s'écoulaient aussi vite que les chutes de la cascade, Ozgë fut relâchée. Puis, escortée par son amie, elle fut bousculée, tiraillée et enfin entraînée au plus profond de la forêt, entourée d'une meute de femmes de tous âges. Désarmée, dépouillée, obligée de marcher pied nus à une allure trop rapide, toute velléité de conversation ou de plaintes l'exposait à des réflexes si menaçant qu'elle dut se résigner à un silence douloureux.

Dernière édition par Templar le Mar 24 Avr - 22:24, édité 1 fois

Issling méridional - Aquila Valesse

Ayant généré pour assurer sa défense en cas de ce genre d'attaques vicieuses et inopinées un dense dôme d'énergie d'un vert presque transparent, l'aigle fut repoussé, et la gerbe de flamme purement et simplement annihilée. Quoique Valesse eût certainement compris que mettre son adversaire sous pression constante en l'attaquant de multiples côtés était gage de victoire, le jeune seigneur devait à présent faire preuve de davantage de subtilité, de rouerie plus exactement, pour surprendre une nouvelle fois son tuteur, et diversifier ses offensives. Celui-ci envoya une vague d'énergie, de manière à mettre à l'épreuve ses capacités à esquiver et à riposter.

[Hassling - Ozgë]

Les bases sur lesquelles Ozgë était parvenue à bâtir sa compréhension et sa patience envers ce peuple s'abattaient une à une. La destruction de ses affaires détruisit l'un des pilier, les gifles eurent raison d'un second pilier et la menace éhonté que proféra dans son cri celui qui se dressait comme le chef de ses agresseurs en détruisit un troisième. Tout se maintenait désormais sur un fragile équilibre d'un dernier pilier qui n'attendait que de voir la suite des choses pour se décider à s'écrouler. Si c'était le cas, une bête était certaine de jaillir de l'inrelith, et des signes avant coureur étaient déjà présents comme le grincement de ses dents alors qu'elle se laissait se faire malmener par ces créatures qu'elle considérait si sophistiquées dans leur manière d'être et dont elle se bâtissait petit à petit une idée de sauvages hostiles qu'elle n'hésiterait pas à faire saigner si cela en dépendait de sa vie.

[Yuri] [Valysie (Est)]


- On ne m'a jamais appris à les manier, répondit-il avec honnêteté. Mais je saurais apprendre.

Hassling - Ozgë

Pourtant, ces créatures étaient bel et bien des hommes. Habillés et coiffés, ils n'auraient guère attiré l'attention dans le monde civilisé. Leurs femmes correspondaient toutes aux critères esthétiques de la société selvyenne, sans qu'aucune ne puisse rivaliser en matière de volupté avec la compagne de bain d'Ozgë. Celle-ci la suivait de près. A plusieurs reprises, comme son amie était harcelée par de vigilantes matrones, elle tourna la tête vers elle, son visage exprimant ce qui semblait être une compassion sincère. Dès que son regard accrochait le sien, elle cherchait néanmoins à l'éviter, sans que son oeil n'exprimât d'autre sentiment que la perplexité. Ce calvaire dura pendant trente minutes. Elles arrivèrent enfin en un lieu qui semblait être la destination finale de cette course. La forêt y était moins épaisse et les buissons faisaient place à une herbe courte. Là, les femmes lâchèrent Ozgë et, sans plus s'occuper d'elle, se mirent de nouveau à jouer en se poursuivant à travers les arbres, ce qui paraissait la principale préoccupation de leur existence.

[Hassling - Ozgë]

Cette sorte d'exclusion ne fut pas la première chose qui vint irriter Ozgë, c'est plutôt ce froid qui vint immédiatement agresser sa peau quand son escorte finit par enfin la libérer de leur emprise pour la lâcher au beau milieu de nulle part. Un violent frisson causé par le froid lui parcourut l'échine et agit comme le couteau invisible d'un démon farceur qui la frappa de frustration, de rage et de colère, qui finirent enfin par éclater après s'être amassé dans son cœur. Se retournant vers la forêt, regardant les créatures commencer à retourner vers le cœur de la forêt, elle sentit son corps trembler de rage, ses dents grincer plus que jamais, son poing se serrer et un véritable grognement de bête sortir de sa gorge.

- Bande de ...

Sa colère se lisait dans ses pupilles, sur les traits courroucés de son visage. Elle avait entièrement perdu son calme et son sang-froid dans une ire aveugle.

- Bande de sales sauvages ! Brigands ! Déchets ! Bons à riens ! Abrutis finis ! Vous avez de la chance que je me sois contenue car j'aurais pu vous écraser sans aucune peine ! Bêtes démoniaques ! Créatures immondes ! J'espère que vous brûlerez tous avec votre forêt maudite !

Et elle continua ainsi pendant plusieurs dizaines de secondes, sortant toutes les insultes qu'elle connaissait dans son inrelith natal jusqu'à ce qu'une autre brise du vent vint mettre fin à sa rage et à sa fierté qu'elle cherchait à conserver dans cette situation humiliante. Les yeux imbibés de larmes, des larmes de colère et non pas de peine, elle s'adossa contre un arbre, confuse et perdue, ne sachant pas que faire ensuite. Maudissant sa naïveté et l'idée fausse qu'elle se fit des étrangers après son expérience auprès du village de Selvyens, elle se recroquevilla, ramenant ses jambes contre elle-même qu'elle entoura à l'aide de ses bras dans lesquels elle logea son visage.

Hassling - Ozgë

En jetant un œil aux alentours, et plus précisément vers le lointain où mourrait le soleil rouge océanien, Ozgë put découvrir qu'elle était en réalité dans une sorte de campement, où les abris n'étaient même pas des huttes, mais des espèces de nid comme en font certains grands singes : quelques branchages entrelacés, sans aucun lien, posés sur le sol ou encastrés dans la fourche des branches basses. Certains de ces nids étaient occupés. Des femmes ainsi que des hommes étaient tapis là, souvent par couples, assoupis, peletonnés l'un contre l'autre à la manière des chiens frileux. D'autres abris, plus étendus, servaient à des familles entières, et elle aurait pu apercevoir plusieurs enfants endormis, qui étaient tous sains et bien portants.

[Hassling - Ozgë]

Restant dans la même position pendant un instant, se sentant comme étant en train de chuter dans un vide infini alors que son esprit s'embrouillait dans ses pensées, elle se refusa au monde extérieur tant que sa "méditation" n'était pas terminée. Mais finalement, les bruits qui l'entourèrent finirent par capter son attention. Dans sa colère, elle n'avait même pas remarqué qu'elle se trouvait en réalité à l'entrée de ce qui devait être une véritable cité pour ces bêtes dont les individus qui en occupait l'entrée devaient bien avoir entendu son florilège d'insultes et ses cris de haine. Elle resta perplexe et à nouveau méfiante en voyant cela, mais rares étaient les choix qui se présentaient à elle, et elle décida de se relever au lieu de rester dans sa position pathétique. Ozgë effectua quelques pas timides vers l'entrée du camp, et ne s'y aventura qu'après une longue analyse de ce qu'elle pouvait voir depuis l'endroit où elle se tenait. L'inrelith avait accepté de se défaire de ses affaires quand elle se trouva à la source en sachant qu'elle pouvait les récupérer ensuite. Désormais, avec dans sa conscience le fait qu'elle n'avait plus aucun habit, elle se sentait moins à l'aise et plus vulnérable, la seule chose qui lui restait désormais étant le collier de dents qui se trouvait autour de son cou et dont elle réunit les six crocs ensemble dans le creux de sa main comme pour les dissimuler alors qu'elle progressait à l'intérieur du campement, sans réel but.

Hassling - Ozgë

Près d'elle, Ozgë put voir au pied d'un arbre fruitier une famille qui s'apprêtait à manger ; mais leur repas n'était guère fait pour la tenter. Ils dépeçaient, sans l'aide d'aucun instrument, un assez gros animal, qui ressemblait à un cerf. Avec leurs ongles et leurs dents, ils en arrachaient des morceaux de chair crue, qu'ils dévoraient après en avoir seulement détaché les lanières de peau. Il n'y avait aucune trace de foyer dans les environs. En s'y approchant de quelques pas, elle put en déduire qu'elle n'était en aucune manière conviée à partager ce repas. Des grognements à son rencontre le lui signalèrent. Ce fut finalement son amie aux cheveux dorés qui vint à son secours. Le fit-elle parce qu'elle avait fini par comprendre qu'Ozgë avait vraisemblablement besoin d'elle ? Pouvait-elle vraiment comprendre quelque chose ? Ou bien... parce qu'elle était elle-même affamée ? En tout cas, elle s'approcha d'un arbre de haute taille, enserra le tronc de ses cuisses, s'éleva ainsi jusqu'aux branches et disparut dans le feuillage. Quelques instants après, Ozgë vit devant elle tomber une profusion de fruits, qui ressemblaient à des prunes. Puis, elle redescendit, en ramassa deux ou trois et se mit à les dévorer en la regardant.

[Hassling - Ozgë]

Le seul visage "familier", la seule personne auprès de laquelle elle pouvait désormais se tenir sans jeter des regards de méfiance, Ozgë ne refusa pas "l'invitation" que la femme aux cheveux d'or lui donna en créant ce "festin" de fruits dont l'inrelith ne doutait pas de la fraîcheur et de l'exquisité. Elle s'assit donc face au tas de prunes, en attrapant une du bout des doigts tout en regardant fixement sa bienfaitrice, avant de se décider de la manger. Près de son village, il n'y avait pas d'arbres fruitiers capables de faire pousser des prunes, et c'était la première fois qu'elle goûtait à un tel fruit, qui ne lui sembla pas si mauvais comme le prouva le fait qu'elle en avala un deuxième.

- Eh, dis moi ...

Encore retournée par les événements qui précédaient se repas, elle releva le visage vers celle qui semblait l'avoir sauvé plus tôt à la source, cherchant à obtenir son attention.

- Celui ... Que tu as calmé tout à l'heure ... C'était ton mâle ?

Hassling - Ozgë

« Non » fut la seule réponse qui parvint à l'esprit d'Ozgë. Il aurait été pour elle hors de question que de devenir la troisième épouse d'un homme aussi vieux et aussi acariâtre, et ce en dépit qu'il soit l'un des mâles les plus forts de la Forêt. En outre, elle s'était déjà promise à un autre.

[Hassling - Ozgë]

Une sorte de soupir rassuré s'extirpa de sa gorge. Au fond, elle ne voulait pas savoir son "amie" liée à cette brute qui était devenu le catalyseur de son ire. Elle sentait encore ses bras trembler de rage en se remémorant cette vision. Comment est-ce que ce chien osait-il mettre la main sur sa dague ? Ce n'était pas une arme comme les autres, qu'elle pouvait se permettre de perdre sans problème et de la remplacer par un autre vulgaire couteau. L'objet était extrêmement important à ses yeux et avait annexé toutes les pensées de l'inrelith qui ne pouvait imaginer autre chose qu'une manière de récupérer cette arme symbolique qui lui était si chère.

- Je vais le tuer.

Dans sa voix résonnait encore sa colère qui n'avait pu s'assouvir et qui criait justice.

- Si il ne me rend pas ma dague ... Je le broie. Devant tout le monde si il le faut, fit-elle banalement en mangeant une autre prune.

Hassling - Ozgë

Sitôt que la sauvageonne eût exprimé son désir meurtrier, son amie au visage inexpressif chancela légèrement, avant de reculer d'un bref mouvement arrière. A ses yeux, et malgré sa faible intelligence, il lui parût inconcevable qu'une petite femme, menue de surcroît, puisse imposer sa volonté à pareil colosse. Elle lui tendit une autre prune, un geste si simple de prime abord, mais qui devait signifier : « Mange, repose-toi, au lieu de poursuivre des chimères car il t'en coûtera ».